Les illustrateurs de Philippe Ebly (2)

 

Les trois portesLe robot qui vivait sa vie

Claude Lacroix est non seulement illustrateur, mais également journaliste, dessinateur et scénariste de bandes dessinées. Il remplace Yvon Le Gall, qui doit se faire opérer et se reposer en 1977. Claude Lacroix illustre donc Les trois portes en 1977 - le premier épisode des aventures des Évadés du Temps ; en 1978, Le robot qui vivait sa vie (onzième épisode des Conquérants de l'impossible) et Volontaire pour l'inconnu (second épisode des Évadés du temps). Rétabli, Yvon Le Gall reprendra la main pour S.O.S Léonard de Vinci (le douzième épisode des Conquérants et l'un des plus populaires) et Volontaires pour l'inconnu (le troisième épisode des Évadés du Temps).

"Frédéric est un drôle de type..." Claude Lacroix, in Le Voyageur de l'au-delà (Hachette, 1978) Claude Lacroix, 1978

Dans les années 1980, Claude Lacroix n'est vraiment pas un inconnu pour les joueurs de jeux de plateaux et pour les joueurs de jeux de rôles, un nouveau loisir qui explose alors et décuple le merveilleux de la Science-fiction et de la Fantasy grâce à l'interactivité la plus échevelée. Claude Lacroix illustre en effet les articles et les plateaux de jeux publiés dans Jeux et Stratégie, et les articles et scénarios de jeux de rôles publiés dans Casus Belli, son petit frère spécialisé dans les jeux... de stratégie (wargames) et surtout les jeux de rôles.

"La route des vacances", Claude Lacroix in Jeux & Stratégie 23 (Excelsior Publications, 1983)

Et avant cela, Claude Lacroix illustrait les revues et collections de romans de Science-fiction les plus réputées des années 1970, Constellation, Fiction, Galaxie, Le club du livre d'anticipation. A la Bibliothèque Verte, il illustre également la série Jim Sparks d'Isaac Asimov (David Starr en version originale) et la Patrouille de l'Espace de Robert Heinlein.

Galaxy n°91Jim Spark, le chasseur d'étoiles, Claude Lacroix (Hachette, 1977)

Et bien sûr, Claude Lacroix dessine aussi ses propres bandes-dessinées, telles la série de Yann le migrateur, et scénarise entre autres le cycle de Cyann pour nul autre que Bourgeon, l'un des dessinateurs phares des années 1980 (Les Passagers du Vents)... Et collabore à Pilote, Métal hurlant, Okapi, Je bouquine et bien d'autres. Autant dire que les romans de Philippe Ebly ont été en de bonnes mains.

Yann Le Migrateur, Claude Lacroix (Glénat, 1978)Casus Belli n°4, Claude Lacroix (Excelsior Publications 1981)

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Les illustrateurs de Philippe Ebly (1)

 

Destination Uruapan (Hachette 1971) Celui qui revenait de loin (Hachette, 1972)

Yvon Le Gall est le premier illustrateur de Philippe Ebly lorsque sa première série, Les Conquérants de l'Impossible, commence à paraître chez Hachette, dans la collection La Bibliothèque Verte. Philippe Ebly avait construit ses héros d'après de vrais ados de sa connaissance, avec leur personnalité, et avec un physique correspondant à leurs descriptions dans les romans. Cependant, lorsqu'il découvre les dessins de Le Gall, le romancier est ému, et réalise au premier coup d’œil que ses héros sont devenus "vrais".

Serge Daspremont, par Yvon Le Gall, in Destination Uruapan (Hachette, 1971)Yvon Le Gall, 1971.

Et, effectivement quand les lecteurs de Philippe Ebly découvrent ces visages, ils peuvent croire sans difficulté que Serge, Thibaut et les autres existent pour de vrai, d'autant qu'ils peuvent très bien croiser leurs doubles très convainquant dans la rue, à l'école ou au détour d'un chemin de randonnée. Et lorsqu'on vient de lire des romans comme Pour sauver le Diamant Noir ou la Voûte invisible, il y a de quoi être émerveillé à l'idée que de tels héros puissent, au final exister "pour de vrai". Avec un illustrateur moins inspiré ou moins habile, cela aurait été impossible.

 "Tous regardaient la nappe liquide, d'un bleu irréel", Yvon Le Gall in Celui qui revenait de loin (Hachette, 1973)"Je vois une tâche jaune..." Yvon Le Gall, in La Voûte Invisible (Hachette, 1976)

Yvon Le Gall, c'est aussi un sens des couleurs et de la composition d'une image digne des plus grands de la bande-dessinée, comme Edgar Pierre Jacob, ou plus tard, Moebius et Caza. Certes, la touche est souvent plus impressionniste que réaliste, mais cela contribue à faire évader encore davantage le lecteur, dont l'imagination s'empresse de compléter tous les détails manquants, et de rétablir, si nécessaire sur la toile de l'esprit comme du rêve, un réalisme photographique. Et parce que Le Gall sait se documenter, il n'aura aucun mal à représenter les détails des scènes de voyage dans le temps dans les illustrations au trait.

Les naufragés de la planète mars  Le tour du monde en 80 jours

Yvon Le Gall ne sort pas non plus de nulle part, quand bien même il serait resté tant d'années un personnage mystérieux, que même le moteur Google n'aurait pas pu cerner dans les années 2000... et peine encore en 2014. C'est grâce à sa fille, Clotilde Le Gall, que nous disposons aujourd'hui d'un début de biographie : il fait l’École des Arts Appliqués à Paris de 1949 à 1953 et obtient son diplôme de fins d'études supérieures, travaille dans le tissu, la publicité, à Moto-Revue, manque de devenir dessinateur régulier chez Spirou qui le rappelle trop tard après une première bande-dessinée publiée, retourne dans la publicité et entre chez Michelin. Les affiches qu'il réalisera alors, très populaires, sont désormais exposées au Musée de la Publicité.

Malheureusement, Yvon Le Gall tombe malade. Il doit se mettre à son compte et c'est là que commence sa carrière d'illustrateur dans lequel il va remarquablement briller. La maladie le rattrape à 50 ans, et il n'achèvera pas son œuvre, notamment la couverture du Matin des Dinosaures, dont il parvient cependant à réaliser, dans la souffrance, les illustrations noir et blanc. Né en 1934, Le Gall disparait en 1984, ô combien regretté...

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Ici la première partie de l'entretien avec Clotilde Le Gall, la fille d'Yvon Le Gall.

Ici la seconde partie de l'entretien avec Clotilde Le Gall, la fille d'Yvon Le Gall.

Les éditeurs de Philippe Ebly (5)

 

Destination Philippe EblyLe prisonnier de l'eau

En 2006, Dominik Vallet, passionné de bandes-dessinées petits formats et ayant adoré Les Trois Portes, va à la rencontre de Philippe Ebly et fonde les éditions Temps Impossible pour pouvoir l'éditer. C'est en direct depuis le forum philippe-ebly.net que les lecteurs de Philippe Ebly peuvent suivre le développement des différents projets, puis à partir du site Temps Impossible, commander leurs exemplaires, illustrés par Fred Grivaud. Deux épisodes inédits des Conquérants de l'Impossible vont enfin sortir : Le Prisonnier de l'eau et le Chien qui miaulait, ainsi que le recueil de nouvelles Sur le fleuve de temps. En prime, Dominik Vallet publie Destination Philippe Ebly, où il compile son interview de Philippe Ebly et une masse d'informations éparpillées à travers le premier blog Philippe Ebly et les différents forums afin de faire un portrait le plus complet possible du romancier, de ses univers et de l'impact qu'il a eu sur les lecteurs.

Le chien qui miaulaitSur le fleuve du temps

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Les éditeurs de Philippe Ebly (4)

 

Retour interditLa nuit des deux Jean-Paul

Après le dépôt de bilan des éditions Degliame, Philippe Ebly se retrouve sans éditeur. Heureusement, la Belgique est un pays de lettres et compte encore des éditeurs dynamiques et c'est Luc Pire, puis Averbode qui, de 2002 à 2007 vont éditer de courts récits de voyages dans le temps de Philippe Ebly dans une collection réservée aux écoles. Malheureusement, pour le lecteur français, il n'est alors pas du tout évident de commander en Belgique, même par Internet de tels ouvrages, qui ne sont pas vraiment dans le commerce, mais prévus pour être diffusés par commande groupée ou abonnement.

Les chemins du tempsLe messager 107

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