Les illustrateurs de Philippe Ebly (1)

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Destination Uruapan (Hachette 1971) Celui qui revenait de loin (Hachette, 1972)

Yvon Le Gall est le premier illustrateur de Philippe Ebly lorsque sa première série, Les Conquérants de l'Impossible, commence à paraître chez Hachette, dans la collection La Bibliothèque Verte. Philippe Ebly avait construit ses héros d'après de vrais ados de sa connaissance, avec leur personnalité, et avec un physique correspondant à leurs descriptions dans les romans. Cependant, lorsqu'il découvre les dessins de Le Gall, le romancier est ému, et réalise au premier coup d’œil que ses héros sont devenus "vrais".

Serge Daspremont, par Yvon Le Gall, in Destination Uruapan (Hachette, 1971)Yvon Le Gall, 1971.

Et, effectivement quand les lecteurs de Philippe Ebly découvrent ces visages, ils peuvent croire sans difficulté que Serge, Thibaut et les autres existent pour de vrai, d'autant qu'ils peuvent très bien croiser leurs doubles très convainquant dans la rue, à l'école ou au détour d'un chemin de randonnée. Et lorsqu'on vient de lire des romans comme Pour sauver le Diamant Noir ou la Voûte invisible, il y a de quoi être émerveillé à l'idée que de tels héros puissent, au final exister "pour de vrai". Avec un illustrateur moins inspiré ou moins habile, cela aurait été impossible.

 "Tous regardaient la nappe liquide, d'un bleu irréel", Yvon Le Gall in Celui qui revenait de loin (Hachette, 1973)"Je vois une tâche jaune..." Yvon Le Gall, in La Voûte Invisible (Hachette, 1976)

Yvon Le Gall, c'est aussi un sens des couleurs et de la composition d'une image digne des plus grands de la bande-dessinée, comme Edgar Pierre Jacob, ou plus tard, Moebius et Caza. Certes, la touche est souvent plus impressionniste que réaliste, mais cela contribue à faire évader encore davantage le lecteur, dont l'imagination s'empresse de compléter tous les détails manquants, et de rétablir, si nécessaire sur la toile de l'esprit comme du rêve, un réalisme photographique. Et parce que Le Gall sait se documenter, il n'aura aucun mal à représenter les détails des scènes de voyage dans le temps dans les illustrations au trait.

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Yvon Le Gall ne sort pas non plus de nulle part, quand bien même il serait resté tant d'années un personnage mystérieux, que même le moteur Google n'aurait pas pu cerner dans les années 2000... et peine encore en 2014. C'est grâce à sa fille, Clotilde Le Gall, que nous disposons aujourd'hui d'un début de biographie : il fait l’École des Arts Appliqués à Paris de 1949 à 1953 et obtient son diplôme de fins d'études supérieures, travaille dans le tissu, la publicité, à Moto-Revue, manque de devenir dessinateur régulier chez Spirou qui le rappelle trop tard après une première bande-dessinée publiée, retourne dans la publicité et entre chez Michelin. Les affiches qu'il réalisera alors, très populaires, sont désormais exposées au Musée de la Publicité.

Malheureusement, Yvon Le Gall tombe malade. Il doit se mettre à son compte et c'est là que commence sa carrière d'illustrateur dans lequel il va remarquablement briller. La maladie le rattrape à 50 ans, et il n'achèvera pas son œuvre, notamment la couverture du Matin des Dinosaures, dont il parvient cependant à réaliser, dans la souffrance, les illustrations noir et blanc. Né en 1934, Le Gall disparait en 1984, ô combien regretté...

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Ici la première partie de l'entretien avec Clotilde Le Gall, la fille d'Yvon Le Gall.

Ici la seconde partie de l'entretien avec Clotilde Le Gall, la fille d'Yvon Le Gall.